22/11/05 : Ce matin, les organisateurs de l'Euromilhoes Dakar ont dévoilé le parcours de la 28ème édition, qui se disputera du 31 décembre au 15 janvier prochains. Le rallye, qui affiche complet depuis le mois de juillet dans toutes les catégories, s'élancera pour la première fois du Portugal, avec 508 équipages en course. Ce sont précisément 240 motos, 188 voitures et 80 camions, auxquels s'ajoutent 240 véhicules d'assistance, qui se présenteront dès le 28 décembre à Lisbonne, cadre des vérifications et du grand départ de l'épreuve.
Après deux spéciales d'un type inédit sur le sol européen, puisque les concurrents seront chronométrés sur près de 200 kilomètres, la caravane débarquera en Afrique où elle traversera le Maroc, la Mauritanie (journée de repos à Nouakchott), le Mali, la Guinée et le Sénégal, l'arrivée finale étant jugée sur les bords du Lac Rose. Durant ce périple long de 9043 km au total dont près de 5000 km en spéciale, l'accent a été mis sur le retour à la navigation, principe fondateur de la discipline du rallye raid. Les fonctionnalités volontairement réduites du GPS obligeront les pilotes et copilotes à se diriger uniquement à l'aide des informations consignées dans le road-book. Par ailleurs, plusieurs dispositions réglementaires comme la limitation de la vitesse (160 km/h) ou la réduction de l'autonomie pour les motos, ont été prises dans le souci d'optimiser les conditions de sécurité des pilotes et des populations.

Du 1er au 14 janvier 2006 Traversée du Portugal, de l'Espagne, du Maroc, de la Mauritanie, du Mali, de la Guinée et du Sénégal.

4813 kilomètres de spéciales dont 1 248 avant la Mauritanie pour un kilométrage total de 9043.

Finaliser la préparation de la machine et tester ses capacités en condition de course sont les exercices habituels en Europe. Pour la première fois, les concurrents devront aussi s'essayer à la navigation. Les pistes, plutôt roulantes, se prêtent volontiers au pilotage, mais les nombreux changements de direction constitueront autant de pièges. Au soir du réveillon, il y aura déjà un vrai classement général.

Le phénomène Carlos Sainz (VW – n° 307) était attendu et le terrain proposé se prêtait idéalement aux qualités de pilote WRC du double champion du monde. Carlos Sousa a pris la deuxième place derrière le maestro de Madrid, avec 1’30’’ de retard certes, mais aussi avec 21’’ d’avance sur le vainqueur de la coupe du monde, Bruno Saby (VW – n° 301), et 56’’ sur Kleinschmidt (VW – n° 303).
Volkswagen a placé trois véhicules dans les quatre premiers de l’étape. La firme allemande démarre au mieux son duel attendu avec Mitsubishi, les deux véhicules rouges de Peterhansel (MIT – n° 300) et Masuoka (MIT – n° 306) ayant connu des problèmes mécaniques fâcheux pour une entrée en piste. Alors que « Peter », momentanément arrêté par une crevaison, termine 12ème, Hiroshi Masuoka (13ème) a pour sa part franchi la ligne d’arrivée sur trois roues ! Après l’arrivée de Guerlain Chicherit (BMW – n° 322), qui a pris la cinquième position au volant d’un BMW X-3, le meilleur représentant « Mitsu » du jour, Nani Roma (MIT – n° 304), a été relégué à la 6ème position, immédiatement devant Luc Alphand (MIT – n° 302).

Une spéciale de plus de 100 km en Europe : encore une première. Sur cette piste rapide et montagneuse, les frissons du pilotage et la beauté du site rappellent parfois la célèbre montée de Pikes Peak (Colorado). Après une spéciale disputée sous le signe de l'émerveillement, l'Espagne sera uniquement visitée en liaison, par une route de 400 km jusqu'à l'embarcadère de Malaga. La traversée dure sept heures.

Sur les pistes moyennes montagneuses du sud du Portugal, le néophyte le plus prestigieux du Dakar, Carlos Sainz, s’est livré à une nouvelle leçon de pilotage. Luc Alphand (MIT – n° 302), qui attend pour sa part sagement de se trouver sur des terrains familiers, a tout de même tenu à montrer que les Mitsubishi ne sont pas en reste, en prenant la deuxième place à 25’’ de Sainz. Avec la 4ème place d’Hiroshi Masuoka (MIT – n° 306), suivi par Roma (MIT – n° 304) et Peterhansel (MIT – n° 300).

En cherchant bien on trouve. L'intitulé de l'étape a beau apparaître trois fois dans l'histoire du rallye, le tracé de la spéciale est totalement inédit. Les traversées d'oueds, pièges classiques du Maroc, sont au programme, et les premières grosses erreurs de navigation sont à craindre. Les habitués de la technologie GPS ancienne version pourraient faire les frais d'une période d'adaptation délicate.

Jean-Louis Schlesser, parti en 15ème position, signe le meilleur temps à l’arrivée avec 19’’ d’avance sur Masuoka, et 37’’ sur Peterhansel (MIT n° 300). Une sorte de revanche sur Mitsubishi, puisque Schlesser n’avait plus remporté d’étape depuis 2001.

On croirait à une classique du Dakar, mais il y aura là-aussi de l'inconnu. C'est peut-être la spéciale la plus variée du rallye. Avec les premières dunes, il sera sans doute l'heure de sortir les pelles et les plaques de désensablage, avant de s'attaquer à des chotts, des passages d'oueds sablonneux, d'autres empierrés… Pour les copilotes, le nez dans le road-book sera la seule attitude possible.

Carlos Sainz (VW n° 307) signe sa troisième victoire sur le Dakar, la première sur sol africain. Il s’empare également du fauteuil de leader du général. Hiroshi Masuoka a effectué un tonneau par l’avant qui a sérieusement endommagé sa voiture, mais qui ne l’a pas empêché de finir la spéciale, avec 27’ de retard tout de même. Mais de retour au bivouac, l’expertise du Pajero Evo IV par les techniciens de « Mitsu » a accouché d’un verdict sans appel : le Dakar est terminé pour Masuoka. « Peter », qui a quant à lui évité les figures libres, n’a pas été épargné par les soucis puisqu’une erreur de navigation lui coûte au total 17 minutes de retard en fin de spéciale. Finalement, Jean-Louis Schlesser a relativement bien géré le handicap de partir en tête, puisqu’il termine dans le Top 10 de l’étape. Il a surtout la satisfaction de voir son nouveau coéquipier Thierry Magnaldi accrocher la deuxième place du jour, à 2’ de Sainz. La performance individuelle de Carlos Sainz confirme aussi la compétitivité du Race Touareg II et la cohérence de l’équipe constituée par Volkswagen, puisque la marque allemande truste les trois premières places du classement général, avec Bruno Saby à 4’51’’ et Jutta Kleinschmidt à 5’09’’. Dans le cadre de la lutte avec Mitsubishi, c’est Luc Alphand qui reste le plus au contact des « VW ».

Une complicité maximale entre le pilote et le copilote sera de rigueur en raison de l'alternance entre les passages rapides et les pièges de pilotage. Par rapport à l'édition 2005, les concurrents auront presque triplé leur kilométrage en spéciale avant la sortie du Maroc. Le chronométrage des 1 250 km déjà parcourus devrait révéler une hiérarchie cohérente.

Stéphane Peterhansel (MIT – n° 300) signe le meilleur temps et se replace du même coup à distance plus raisonnable de Carlos Sainz (VW – n° 307) avant l’entrée en Mauritanie. Alphand reste d’ailleurs le meilleur représentant du clan « Mitsu » au général, 3ème à 2’ de Sainz.

Les heures de sommeil préservées dans les étapes précédentes seront un atout pour aborder cette longue route. La longue liaison en direction du départ de la spéciale sera effectuée de nuit, dans des conditions exigeant une vigilance maximale. La première partie du secteur sélectif sera disputée sur une piste large et rapide, avant d'attaquer à mi-spéciale une portion beaucoup plus sablonneuse.

C’est Thierry Magnaldi (SCH – n° 315) qui signe sa première victoire d’étape sur quatre roues, devant Jean-Louis Schlesser (SCH – n° 314). Giniel De Villiers (VW – n° 305) prend la tête du classement général.

La finesse de la navigation sera récompensée lors de la grosse difficulté de cette première semaine, qui se dispute en hors piste absolu. Les indications seront peu nombreuses sur le road-book, et ceux qui manqueront les WPM auront le plus grand mal à trouver les bonnes passes. Après les dunes, les concurrents rouleront aussi sur des plateaux caillouteux et slalomeront dans l'herbe à chameaux.

Stéphane Peterhansel (MIT – n° 300) signe une deuxième victoire d’étape, sa 50ème sur le Dakar. Luc Alphand (MIT – n° 302) prend la tête du classement général. Carlos Sainz (VW – n° 307), qui est resté « tanké » longuement avant CP1, perd 34’44’’ par rapport à Peterhansel. Mark Miller (VW – n° 309) et Bruno Saby (VW – n° 301), l’un à cause d’un saut périlleux, l’autre en raison de problèmes mécaniques, perdent des dizaines de minutes par grosses poignées.

Sur la première partie de la spéciale, le parcours est très sinueux, traversant des canyons et des oueds. À travers les massifs, les concurrents se sentiront baladés comme une boule de flipper. Après cette série de zigzags, une partie très rapide donnera envie aux plus nerveux d'affoler les chronos. Mais un excès de confiance pourrait conduire à de mauvaises surprises.

Thierry Magnaldi (SCH – n° 15) remporte sa deuxième spéciale, pendant que Stéphane Peterhansel (MIT – n° 300) prend la tête du général. L’erg du km 240 a en effet été fatal à Josep-Maria Servia (SCH – n° 316), Nasser Al Attiyah (BMW – n° 308), Guerlain Chicherit (BMW – n° 322) ou encore Stéphane Henrard (VW – n° 310). Thierry Magnaldi a quant à lui «survolé» le cordon de dunes, puis laissé parler la puissance de son V8 pour signer le deuxième scratch de sa carrière à quatre roues, après son succès à Zouerat. Stéphane Peterhansel, parti en première position avec Luc Alphand (MIT – n° 302) dans sa poussière, les «Mitsu» ont d’abord été débarrassés de Jutta Kleinschmidt(VW – n° 303), longuement bloquée au km 179. La marche en duo s’est ensuite transformée en un cavalier seul de «Peter», qui à la différence de son collègue, ne s’est pas fait piéger par les dunettes du km 285. Carlos Sainz (VW – n° 307) s’est éternisé au km 26, sur une brutale rencontre avec une pierre pendant une manœuvre.

Arriver à la journée de repos, c'est déjà une demi-victoire pour beaucoup de concurrents, eu égard à la densité du programme des huit étapes qui se trouvent derrière. Dans la capitale mauritanienne, située à un carrefour à la fois géographique et culturel entre la vie nomade et la vie sédentaire, les moments de répit seront courts mais précieux. C'est la première fois que Nouakchott accueille la journée de repos.

Pour la plus longue spéciale du rallye, de longs cordons de dunes très denses, de plus de vingt kilomètres, s'enchaînent en début et en fin de parcours. Entre les deux passages sablonneux, le pilotage s'effectuera sur une piste rapide et rocailleuse. Par endroits, le parcours croise de grandes dunes à contourner pour rester sur de grands plateaux au sol noir.

Pour la deuxième année consécutive, la caravane du Dakar est touchée sur sa route vers Kiffa. Le motard australien Andy Caldecott, victime d’une lourde chute, est décédé sur le coup au km 250 de la spéciale. Sur quatre roues, Stéphane Peterhansel signe son 51ème succès sur le Dakar, toutes catégories confondues : record absolu.

C'est l'entrée au Mali, au milieu de la brousse. La végétation se densifie. Parmi les baobabs, la piste de terre, étroite et ravinée, serpente à travers la savane. Cette spéciale rapide fera la part belle au pilotage et à la glisse sur les premières portions de latérite. Malgré les chotts piégeux qui jalonneront le parcours, ce sera une journée de transition avant les gros morceaux de l'Afrique Noire.

L’étape a été neutralisée pour ce qui concerne la course motos, en hommage à Andy Caldecott. En voitures, l’étape a été remportée par Carlos Sainz (VW – n° 307) mais c’est surtout Stéphane Peterhansel (MIT – n° 300) qui réalise la bonne opération du jour, en reléguant Alphand (MIT – n° 302) à 40 minutes au classement général. Luc Alphand a percuté un arbre entraînant un arrêt d’une demi-heure au kilomètre 218.

Bien que le tracé ait pris soin d'éviter la réserve de faune de Badinko et la réserve de biosphère de la boucle du Baoulé, la caravane progresse dans un décor somptueux, avec un enchaînement continu de forêts et de savanes. Les pistes étant étroites, une extrême prudence est recommandée en cas d'erreur de navigation impliquant un demi-tour.

Giniel De Villiers (VW – n° 305) signe le scratch et Stéphane Peterhansel (MIT – n° 300) perd une partie de sa marge sur Luc Alphand (MIT- n° 302). Parti en huitième position, loin derrière son coéquipier Carlos Sainz, il a remonté toute la tête du peloton, en doublant successivement Sousa (NIS – n° 311), Schlesser (SCH – n° 314), Kleinschmidt (sans trop d’efforts puisqu’elle est restée bloquée au km 12 après un choc contre un arbre), Miller (VW – n° 309), Peterhansel et Roma (MIT – n° 304).

La sortie du Mali s'effectue en liaison. Le tracé de cette première spéciale guinéenne emmène les pilotes dans des configurations très variées. Des zones trialisantes succèdent à des pistes roulantes en latérite, et les motards ne manqueront pas de se mouiller les pieds dans les passages de gués. Niveau végétation, on n'avance pas au coupe-coupe, mais presque ! À l'arrivée, étape sans assistance oblige, il n'y aura pas de véhicules d'assistance.

Stéphane Peterhansel a vu s’envoler ses rêves de triplé. Handicapé par des problèmes de freins au début d’une spéciale qui commençait déjà mal, « Peter » est sorti de route au km 278. L’arbre qu’il a rencontré a endommagé la partie arrière gauche de son Mitsubishi Pajero Evo IV, bloqué pendant une bonne heure. La réparation n’a tenu qu’une vingtaine de kilomètres. Stoppé une deuxième fois, Peterhansel s’est finalement résigné à attendre son camion d’assistance. L’horloge se chargeait de faire le reste du travail : Alphand le premier, puis De Villiers (VW – n° 305) et Roma (MIT – n° 4) l’avaient déjà dépassé au général lorsque les sauveurs arrivèrent. La réparation éclair (environ un quart d’heure) ne servit qu’à limiter les dégâts : en rejoignant l’arrivée avec 3h16 de retard sur le chrono d’Alphand, il se classe quatrième au général, immédiatement devant Mark Miller (VW – n° 309).

Les étapes de montagne, cela peut exister sur le Dakar. S'il n'y a pas de quoi sortir les masques à oxygène, le rallye atteindra sur cette spéciale son point culminant, tutoyant les 1 000 m sur quelques franchissements de cols. Comme la veille, les pistes empruntées seront étroites, et la poussière aidant, les dépassements très difficiles.

Le décès d’un jeune garçon guinéen, heurté par un équipage du rallye sur le parcours de la spéciale, plonge la caravane dans une nouvelle journée de deuil. En auto, Luc Alphand (MIT – n° 302) signe un deuxième succès d’affilée et conforte sa position de leader au classement général. De Villiers, qui avait pourtant promis d’exercer une pression maximale sur Alphand, est maintenant deuxième à 22’13’’.

Sur les pistes sénégalaises, les copilotes reprennent du service. La spéciale est plus longue que l'année précédente et les nombreux changements de direction peuvent entraîner les plus distraits sur des fausses pistes. Autrement dit, il y a encore des minutes à perdre ou à gagner. L'entrée dans Dakar se fera après une belle balade en liaison, avec visite paisible des villages sénégalais au programme.

Au lendemain d’un premier drame ayant coûté la vie à un enfant, un autre jeune garçon a été fauché sur le parcours du rallye. Sur l'itinéraire emprunté par les véhicules d’assistance entre Tambacounda et Dakar, au Km 200, l’accident impliquant un camion d’assistance a malheureusement coûté la vie à un jeune garçon de 12 ans. Guerlain Chicherit confirme des débuts prometteurs en signant le meilleur temps, tandis que Luc Alphand a pu gérer son avantage au général sur Giniel De Villiers. En raison des événements dramatiques survenus ces deux derniers jours, l’ultime étape Dakar-Dakar conduisant les concurents au podium du Lac Rose ne sera pas chronométrée.

Le tour du Lac Rose : avec les années, l'exercice est devenu un classique du sport automobile. Certains ont encore envie d'aller chercher une poignée de secondes pour gagner une ou deux places au général. D'autres profitent en douceur d'un moment qu'ils ont longtemps imaginé avant de le vivre. Pour tous, c'est le grand frisson.

Ce sont finalement 93 motards, 67 équipages en voiture et 33 camions qui ont achevé le 28ème Euromilhoes-Lisboa-Dakar. Luc Alphand en voiture et Marc Coma à moto ont tous deux été sacrés pour la première fois. Vladimir Chagin, au volant d’un camion Kamaz, remporte quant à lui son cinquième titre.